> VAN DONGEN Kees (1877-1968)

VAN DONGEN Kees (1877-1968)

Biographie


Kees Van Dongen est né en 1877 et décédé en 1968.


En 1892, il débute des études en peinture à l’Académie royale des beaux-arts de Rotterdam. De 1892 à 1897 il fréquente le Quartier Rouge portuaire. Durant cette période, Van Dongen peint des scènes de matelots et de prostituées.


En 1897, il habite à Paris pour plusieurs mois. Il y retourne en décembre 1899 pour rejoindre Augusta Preitinger (Guus), qu’il avait rencontrée à l’Académie. Ils se marient le 11 juillet 1901. Il commence à exposer ses œuvres à Paris, notamment l’exposition controversée de 1905, Salon d’Automne, où exposait également, entre autres, Henri Matisse.


Les couleurs vives de leurs œuvres seront à l’origine du nom de ce groupe de peintres: les fauves. Il obtint la nationalité française en 1929. Il a aussi été brièvement membre du mouvement expressioniste allemand Die Brücke.


En octobre 1941, Van Dongen participa avec sept écrivains français au voyage politique organisé par Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich, dans l’Allemagne nazie, « ce qui lui vaudra une réputation ternie auprès de la critique moderne » (op. cit.).


Quelques œuvres. La femme aux bijoux, 1905 (non localisée? ). Portrait de Guus, 1906-1907 (huile sur toile, 81 x 100, Londres). Portrait d’une chanteuse de cabaret, vers 1908 (huile sur toile, coll. particulière). La dame au chapeau noir, 1908 (huile sur toile, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg). Portrait d’Adèle Besson, 1908 (huile sur toile, Musée Albert-André, Bagnols-sur-Cèze). Femmes à la balustrade, 1911 (huile sur toile, Musée de l’Annonciade, Saint-Tropez).


Expositions. Musée d’art moderne de la ville de Paris, 1993. Fondation Pierre Gianadda, Martigny - 2002. Van Dongen, Nouveau Musée national de Monaco / Musée des Beaux-Arts de Montréal / Musée Picasso (Barcelone), 2008/2009.



A la fondation Pierre Gianadda


LA fondation Pierre Gianadda nous offre une très belle exposition sur Kees Van Dongen. C'est la première rétrospective organisée en Suisse consacrée à cet artiste. Un ensemble d'une centaine d'œuvres aquarelles, gouaches, encres, crayons ou pastel seront exposées.


Parmi les tableaux présentés certains le seront pour la première fois (Jeune fille à la bottine). Van Dongen fut sans doute le plus instinctif de ceux qu'on appela "les Fauves". Il fit partie de ce groupe informel du Salon d'Automne de 1905 qui réunit dans la même salle autour de Matisse des artistes qui furent qualifiés ainsi à la suite d'une boutade du critique Vauxcelles.


Le fauvisme convenait parfaitement au parti pris de ces artistes qui optèrent pour l'exposition chromatique de couleurs vives juxtaposées. Van Dongen était le seul qui ne fût pas français. La sensibilité des fauves français rejoint celle qui s'exprime à la même époque dans le groupe Die Brücke (Le pont), fondé par Kirchner, Bleyl, Heckel et Schmidt Rottluff. Invité par une exposition de Die Brücke en 1907, Van Dongen fera partie de ce groupe pendant deux ans.


Mais s'il fit partie de manière éphémère de courants picturaux qui se développèrent à cette époque, Van Dongen reste toujours un isolé, un indépendant. Né en 1877 à Delfshaven, la partie ancienne de Rotterdam, il fréquente à partir de 1892 l'Académie des Beaux-Arts de Rotterdam; il y est un élève studieux contrairement à une certaine légende et s'attache aux peintres de la tradition hollandaise comme le grand Rembrandt, mais découvre aussi, plus proche de sa génération, Breitner.


Vers 1897, Van Dongen côtoie le cercle d'artistes et d'écrivains symbolistes de Rotterdam qui regroupent sous le nom d'Art libre (Vrije Kunst). "L'Art nouveau" est dans l'air. Van Dongen s'imprègne, à ce moment, des idées anarchistes. Il est difficile alors de résister à l'attrait des expositions parisiennes. Il découvre Paris en 1867 et y passe quelques mois de misère, bien que réussissant à décrocher quelques commandes grâce à son compatriote peintre, Siebe Ten Cate. Après ce premier contact parisien, le dessin devient son mode d'expression privilégié : "Peindre, c'est servir le luxe!"


Retournant dans sa ville natale, il dessine le plus souvent au crayon gras rehaussé d'aquarelle. Ses sujets sont ceux de la rue, souvent des prostituées, des sujets sociaux ou naturalistes. En 1899, il va s'installer à Montmartre avec la compagne qui deviendra sa femme, Guus Preitinger. A Paris, l'art de Steilen est à son faîte et l'illustration jouit d'une grande renommée par ses contributions à de nombreuses revues. Van Dongen est présenté à Félix Féneon, le rédacteur en chef de l'une des plus célèbres, La Revue blanche. Dans cette revue se retrouvent les idées libertaires, mais aussi celles des symbolistes et des nabis, dans une sorte de bouillonnement esthétique, social et spirituel duquel, quelques années plus tard, certains des acteurs se situeront aux antipodes ! Van Dongen y publie quelques dessins.


Mais, tout aussi peu connue est sa contribution à un numéro spécial du journal satirique L'assiette au beurre dans lequel il conte l'histoire d'une prostituée, Petite histoire pour petits et grands enfants. Toujours plus proche des idées anarchistes, Van Dongen y poursuit les bourgeois et la condition misérable faite aux ouvriers. Illustrant ce thème, l'exposition nous montre quelques-uns des grands dessins spectaculaires de cette époque.


Dans une série plus intimiste vers 1903-1904 ? Van Dongen réalise à l'encre des Femmes sans pose, où il s'attache à rendre, selon le mot de Félix Fénéon "des effigies singulièrement expressives", des femmes au naturel, absorbées dans leurs gestes quotidiens. de la toilette au coucher. Une douzaine de ces dessins nous sont présentés pour la première fois depuis leur création.


C'est aussi à cette époque qu'il retrouve la peinture des façons plus marquée, puisque Vollard lui organise, en novembre 1904, une exposition dans sa galerie. Une année plus tard, ce sera l'explosion "fauve" pour le grand public du Salon d'Automne. Van Dongen est dans doute l'un des meilleurs coloristes des Fauves. L'exposition de Lyon s'arrête en 1912. A partir de cette date, Van Dongen va assagir sa peinture, comme d'ailleurs beaucoup d'autres peintres. Il devient un portraitiste très sollicité et abandonne les grands aplats de couleurs pour revenir à des mélanges de tons et des effets chromatiques plus contenus.


Un mot de Van Dongen situe l'homme. Lorsqu'en 1960, Jean-Marie Drot tourna ses fameuses Heures chaudes de Montparnasse, il alla rencontrer Van Dongen en lui demandant ce qui demeurait, de ce quartier fiévreux. Kees Van Dongen répondit: "Je ne garde aucun souvenir. De rien. Maintenant j'oublie tout... Il ne faut jamais retourner en arrière. Il faut toujours aller de l'avant". Et peut-être avec un peu d'amertume, il complétait ces quelques mots accordés à Jean-Marie Drot : "Pourquoi voudriez-vous que je fasse des efforts pour raviver le passé ? Si je fais un effort se sera pour le moment qui va venir avant que je claque. A part cela, plus rien ne m'intéresse. Je vous l'avoue. Ce qui est passé est passé".


Une autre façon sans doute de s'inscrire dans son travail de peintre et de fuir les hagiographies simplificatrices, pour lesquelles notre fin de siècle a un goût démesuré. Cette exposition sur Van Dongen est un contrepoint rafraîchissant!


J. Delauney

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