ARLEQUIN AU CHATON

Juan Cook : l’émotion spontanée 

Les personnages de Juan Cook, aux traits démesurés, aux formes décalées semblent vouloir exprimer l’indicible joie d’exister, de vivre loin des torpeurs, de la révolte et de la soumission. 

L’artiste ne cherche qu’à entrer en communion avec la vérité profonde des êtres dont les mains tendues cherchent à partager cet ineffable bonheur de vivre. 

Juan Cook puise aux source du surréalisme et revendique ses racines latino-américaines, comme pour mieux soutenir son besoin de spiritualité dans la peinture. 

Hormis le clin d’oeil thématique à la réalité, Juan Cook ne s’intéresse qu’au pouvoir de transmettre l’émotion avec un minimum de moyen. 

Le traitement de la forme, étirée comme dans certaines oeuvres tardives de Greco, ajoute à l’impression de fantaisie malgré la palette restreinte à trois couleurs, comme pour pouvoir mieux exalter le jaune exprimant la matière ambigüe de corps hypertrophiés ou le rouge vif de la révolte. 

D’où cette dimension hiératique, quasi sculpturale de ces bustes qui sont autant d’énigmes et semblent évoquer l’absurdité de l’existence. 

Vive ou profonde, bigarrée ou diaprée, riche de séductions presque musicales, la couleur reçoit une force accrue de la matière, dont l’artiste chilien excelle à rendre la texture phosphorescente et troublante comme un regard. 

Une peinture d’effusion se développe ainsi sous nos yeux, qui nous introduit, non pas dans la réalité pathétique de l’expressionnisme des débuts, mais dans le rêve le pus capricieux, le plus fantasque à l’image de ces clowns qui sont comme autant de rêves multicolores. 

L’art de Cook semble ainsi déborder du cadre du tableau pour rappeler celui de la fresque murale. 

Sa sincérité et ses dons d’expressionniste lyrique continuent de séduire un large public qui pourra découvrir ses oeuvres à Blain au Château de la Groulais où il sera l’invité d’honneur. 

T. Demaubus.