LE BENY BOCAGE, VILLAGE DE CAMPEAUX

Pierre-Edmond Péradon 

les paysages de l’Orne

Chantre du bocage normand, visionnaire ébloui de la nature et du paysage, le parcours artistique de Péradon se donne comme une série infinie dépointé de vue et de représentes recueillis au grès de ses pérégrinations de peintre voyageur. 

Les romantiques font le grand tour européen au XIXe siècle, Péradon, lui se contenterez limites de l’Hexagone pour y puiser autant son inspiration qu’y couler des jours paisibles sans se préoccuper d’ailleurs d’exposer ses toiles. 

L’artiste s’évertuera, toute sa vie durant à affiner sa vision poétique du paysage et son sens infaillible de la couleur. Avec ces verts sombres d’une grande richesse de tons qui semblent réclamer l’amitié des gris cendrés ou des gris dorés de la pierre, avec ces villages blottis dans le fond de la vallée et le ciel dont les nuages se dessinent à peine dans une atmosphère inondée de lumière, tout n’est ici que nuance et harmonie.  

Péradon ne se contente pas de représenter le paysage ou de l'interpréter comme bon lui semble. Il l'habite et le fait respirer. Il lui confère une entité, un sens, une grâce.

A travers ces paysages de l'Orne, l'artiste continue de développer chromatiquement le ton en intensité et utilise fréquemment une ligne contrastée qui précise le relief de l'élément choisi, et situe sur un même plan ton local, forme et lumière.

Comme pour les autres paysages normands, ces paysages de l'Orne révèlent dans l'art du peintre l'expression d'une condensation, d'une réduction de moyens exposés dans une atmosphère d'une grande sérénité.

Qu'il ait peint le réel en réaliste, soucieux de respecter la vérité tangible, sans la déformer, sans en proposer même une interprétation subjective à l'excès, on ne saurait s'en étonner.

On ne saurait non plus être surpris de déceler cette véritable passion du réel dans un métier très particulier. Péradon cherche toujours à serrer la vérité de plus près, mais aussi sa vérité intérieure de peintre et de poète.

De l'école réaliste, Péradon possède l'amour et l'instinct du réel. du réel le plus vrai, celui qu'on peut palper plus encore que celui qu'on voit.

Mais voici qu'à être animées par cette intention réaliste, les oeuvres de Péradon finissent par présenter un aspect éloigné de celui des apparences extérieures. Amour du tableau beau en soi, mais aussi goût de la construction, amour du permanent et de l'universel, besoin, enfin, du style et de la tenue.

Sensible au volume et à la densité des choses autant qu'à la couleur, Péradon - peu coloriste, par ailleurs - s'efforce ici de camper des formes amples et robustes, dont seule l'intéresse la structure profonde.

Si ses croquis trahissent chez lui le don d'appréhender, par une observation aiguë, le détail qui singularise, la particularité individuelle d'un mouvement, ses tableaux avouent sa volonté d'éliminer ces caractères pour parvenir au général et au permanent.

La cause ? Sans aucun doute son goût du style et la vérité d'une vision qui se veut objective, mais n'en parvient pas moins à la poésie, une poésie faite d'accord avec les choses de la nature. élémentaires et éternelles, la permanence de la vie universelle et toujours singulière. 

        T. Demaubus