RAIE

Jacques Bouyssou : la lumière de la côte normande 

Né en 1926 près d'Honfleur, Bouyssou rencontra dès son plus jeune âge de nombreux artistes de renom qui exposaient dans la galerie de son père. Friesz, Dufy, Lagou et Leprin étaient des hôtes familiers de la maison des Bouyssou.

Après avoir étudié l'architecture aux Beaux-Arts de Troyes et le dessin sous la direction du sculpteur Janin, Bouyssou monte à Paris pour y suivre les cours de l'Académie de la Grande Chaumière ainsi que ceux de l'atelier d'Othon Friesz.

Après avoir exposé quelques toiles dans diverses galeries, Bouyssou finit par organiser une exposition personnelle à Paris. Ce fut un succès total qui devait le mener à Londres, puis à New York.

Depuis lors, il apparaît comme le peintre du gai savoir, de la vie et de ses spectacles. Il possède la faculté rare de voir ce qui échappe à notre æil, la figuration d'une porte, le drapeau tout en haut d'un portail…

Bouyssou utilise la couleur pour atteindre le réalisme. Il ne fait pas partie de ceux qui négligent un détail si ce dernier lui sert à exprimer sa vision du monde. 

Il ne cherche pas à peindre ce que l’on voit mais ce que l’on perçoit : l'éphémère, l'impalpable, l'air entre les arbres, les rayons du soleil. Il s'attache à représenter une atmosphère, une heure du jour, une saison, par delà la simple observation du paysage.

Bouyssou distille dans ses paysages marins tout son émerveillement devant la nature. Il sait retenir captif sur la toile la grâce de l'instant, la souplesse du mouvement, l'effervescence de la vie. Ce que ses paysages perdent parfois en sensualité tangible, ils le compensent par la certitude limpide de leur lumière.

La gaieté des couleurs, une prédilection pour les rouges donnent aux huiles de Bouyssou, quand on les regarde de loin, l'aspect de bouquets flamboyants.

Fidèle à la côte normande dont il est issu, transposant avec une grande sensibilité les vibrations argentées de sa lumière, Jacques Bouyssou se donne tout entier au plaisir de la retrouver, quelque part, entre le ciel et l'onde, entre l'hier et l'aujourd'hui.

Respectueux de la tradition, l'artiste commence sur le motif par les masses sombres puis anime la toile en lui insufflant la vie : chalutiers, baigneurs, pavillons qui claquent au vent, foule porteuse de couleurs gaies, riantes, entraînantes, et termine par le ciel et la lumière. Les ciels sont profonds, la vie pimpante.

De son pinceau qui hésite souvent au bord d'un rêve infini, Bouyssou interroge inlassablement la mer toujours recommencée.

T. Demaubus