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56.00 x 83.00 cm
56119
Plein papier. Affiche pour la galerie Maeght. Arte Paris.
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Joan Miró : un message de liberté, de rêve et de poésie
JOAN MIRO est sans doute, avec Picasso, l'un des artistes les plus exposés de notre temps. Pourtant rares sont les rétrospectives qui lui sont consacrées et permettent de faire découvrir au public la polyvalence et la prolixité de cet artiste dont l'œuvre et de poésie"). apparaît "comme un message essentiel de liberté, de rêve et de poésie”.
Encouragé par Mme Rosa Maria Malet, directrice de la Fondation Miró à Barcelone dès 1983, soutenu par la famille du peintre, Léonard Gianadda a réussi ce pari audacieux de réunir un ensemble impressionnant de peintures et de sculptures offrant au regard la fascinante aventure de l'esprit que fut le parcours pictural et poétique de l'artiste espagnol.
Car il s'agit en effet autant d'une aventure poétique que picturale, intellectuelle que plastique.
Attentif au moindre détail, scrupuleux et d'une extrême exigence envers lui-même, Joan Miró a orienté l'essentiel de ces recherches vers ce point de convergence de la peinture et de la poésie, c'est-à-dire cet espace de la rencontre entre le mystère indicible du signe et l'autoréférence de l'image poétique.
Car la peinture de Miró se donne comme un réservoir inépuisable de signes qui ne possèdent de référents qu'eux-mêmes.
Poète des formes et des couleurs, Miró s'est reconnu poète grâce à la peinture. Et le signe s'est substitué au trait, l'image, à la couleur dans un dialogue ininterrompu et que le visiteur peut questionner sans fin.
L'art de Miró obéit aux lois qui régissent les rêves : la raison y est contredite par la présence du sensible, du tactile et de l'écriture automatique. “Le tableau doit être fécond. Il doit faire naître un monde. Qu'on y voit des fleurs, des personnages, des chevaux, peu importe, pourvu qu'il révèle un monde, quelque chose de vivant” écrivait Miró. Autrement dit, tout objet est avant tout un être vivant : "cette cigarette, cette boîte d'allumette contiennent une vie secrète beaucoup plus intense que certains humains”.
Ainsi la peinture selon Miró est, avec la poésie, la clé qui ouvre les voies insoupçonnées de la réalité. La peinture apporte au poète la joie ineffable de la matérialisation de son écriture dans un espace bidimensionnel. Et il fallait l'imagination féconde de Miró pour faire en sorte que cet espace ne soit pas une fermeture pour le rêve du poète mais un moyen supplémentaire pour permettre à son imaginaire de prendre son envol en toute liberté.
Comme l'a écrit Alberto Giacometti dans un article consacré à Miró : "Pour moi, c'était la plus grande liberté. Quelque chose de dégagé, de plus léger que tout ce que j'avais jamais vu. En un sens, c'était absolument parfait. Miró ne pouvait pas poser un point sans le faire tomber juste. Il était si véritablement peintre qu'il lui suffisait de laisser trois taches de couleur sur la toile pour qu'elle existe et soit un tableau."
Si véritablement poète aussi au point d'intégrer la lettre dans le signe pictural.
"La première esquisse d'une peinture-poème authentique apparaît dans un Carnet de 1925 et la phrase que la toile écourtera y arpente la surface entière, laissant à peine deviner le dessin : le corps de ma brune puisque je l'aime comme ma chatte habillée en vert salade flamme de ses yeux phosphorescents tombant comme de la grêle c'est pareil”, nous rappelle Jacques Dupin.
Une lettre adressée à Michel Leiris en août 1924 témoigne de cette volonté d'introduire les mots dans sa peinture : “En feuilletant mon carnet, j'ai aussi remarqué le caractère extrêmement troublant de certaines pages où je fais des dessins dissociés, destinés aux toiles que je prépare et où je note plusieurs remarques : noms de couleurs ou simplement le monosyllabe, oui quand je tiens à ce que cela soit réalisé. J'ai l'intention de faire tous ces dessins. En d'autres dessins, des objets qui s'envolent sur une surface plane, j'y écris des lettres isolées. D'accord avec Breton sur le caractère extrêmement troublant d'une page d'écriture”
Comme l'a écrit si justement Jacques Dupin "les mots comptent moins - et si peu le sens - que les lettres, qu'il manie comme des marques vivantes et dont il se découvre charnellement épris plutôt que d'y voir les unités abstraites d'un code préétabli (...). Ainsi les mots se révèlent-ils appartenir à la matière propre du tableau, n'y surgissent que pour s'y incorporer, s'y nourrir et affirmer sans puile pesanteur ni didactisme, l'équipollence plastique, génératrice de rêve, de la peinture et de la poésie "
Dans les toiles de Miró tout bouge, tout semble en mouvement. Les formes décrivent un ballet : un graphisme léger circule entre les taches colorées, accentuant l'effet de flottement des signes. Comme en “apesanteur”, dans l'espace de la toile, les formes glissent dans un univers mystérieux et semblent comme arrêtées dans leur course par l'artiste.
“Navigateur d'espaces inconnus qu'il osait sillonner à la recherche de quelque chose d'indéfini”, mu par une violence intérieure qui l'incitait sans cesse au dépassement de lui-même, Miró savait également puiser son inspiration en d'autres sources non moins essentielles : l'art médiéval et plus particulièrement l'art roman - plus vivace en Catalogne que dans le reste de l'Espagne - dont les figures lui semblaient le mieux répondre aux angoisses liées à l'approche d'un nouveau Moyen Age dans l'Europe de la fin des années trente et ressemblant étrangement à celles des ses prédécesseurs à l'aube de l'an mil.
Comme l'explique Jacques Dupin : "Toutes ces figures humaines en présence de la mort cherchent une issue dans une sorte de régression vers l'animalité. La diversité de leurs métamorphoses évoque irrésistiblement la prodigieuse invention des formes que la nature a mise à disposition des animaux, des insectes, des poissons ou des microbes pour se défendre ou attaquer, déchirer et engloutir, échapper ou poursuivre cette guerre à outrance, impitoyable et incessante, qu'on appelle la vie. A leurs ressemblance, ou plutôt selon les mêmes modes de formation, certains personnages ont une apparence massive; leurs membres s'atrophient, leur tête devient minuscule, tête de fourmi aux longs cheveux raides comme des rayons. La seule défense de leur corps boursouflé est sa masse, son énormité.
D'autres ont l'aspect de têtards, ou de poulpes, ou de méduses".
Comme Jérôme Bosch quelques siècles plus tôt Joan Miró sait que le seul moyen d'échapper à la tyrannie de la représentation réside dans le pouvoir de l'artiste à donner corps aux visions surgies de son subconscient.
La sculpture va apporter une autre dimension spatiale et symbolique à Miró : la profondeur de la matière. Ses oeuvres sculptées exsudent de l'être profond, de la même source secrète de son inspiration.
"Miro sculpteur travaille, brouille les pistes et dresse ses métaphores à trois dimensions, à partir de la rencontre, de la découverte, de l'objet, du rebut, de l'enfant trouvé, reconnu. Il ne récolte pas les choses comme un esthète pressé de jouer avec elles, de les bousculer, de les soumettre à son caprice - Picasso - ni pour les intégrer à une vision de constructeur - Schwitters, Tinguely - non, il les transplante, telles quelles, il les accueille sur sa terre labourée, son aire de jeu (...). Chez le practicien et chez le fondeur (...), avant l'instant décisif, il y avait le regard, l'attente, l'immobilité ou le piétinement d'une contemplation infinie, avant le geste décisif, la précision du chirurgien, la maîtrise du joueur d'échecs, l'abandon souverain du tireur à l'arc..., la prise en compte du risque et de la chance, en vue d'un résultat hasardeux et désiré tel ?'
Les sculptures affirment le besoin chez Miró de laisser aux formes leur autonomie, leur innocence, leur liberté.
Comme pour sa peinture, son but fut de créer un univers total, "pour faire du "miromonde" une réalité, rendue tangible par l'objet.'
T. Demaubus
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